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Résumé : En France, l'origine sociale est la caractéristique héritée qui influe le plus sur les destinées. Qu'en est-il pour les jeunes éloignés de leur famille par un placement en protection de l'enfance ? En quoi leurs trajectoires scolaires et professionnelles diffèrent-elles de celles des jeunes d'origine modeste ou de l'ensemble des jeunes du même âge ? Les jeunes placés connaissent des parcours scolaires très heurtés. Sont en cause les difficultés familiales - notamment les situations de maltraitance qui sont à l'origine du placement et qui perturbent les apprentissages, l'origine sociale souvent très défavorisée des familles biologiques qui pèse sur la scolarité avant le placement, et enfin des situations de handicap beaucoup plus fréquentes que dans la population générale du même âge. Ces facteurs peuvent être contrebalancés par un placement dans une famille d'accueil qui s'implique dans la scolarité de ces jeunes, leur insuffle des aspirations élevées et les élève dans un milieu social plus favorisé que celui de leurs parents biologiques. S'agissant des placements en établissement, si certains professionnels de la protection de l'enfance accordent une grande importance à la scolarité, le plus souvent leurs attentes sont peu ambitieuses à l'égard de ces jeunes fréquemment en butte à des difficultés scolaires. Que ce soit en famille ou en établissement, le fonctionnement institutionnel qui contraint les jeunes à une autonomie financière précoce conduit les professionnels de la protection de l'enfance à les aiguiller vers des études courtes, censées leur assurer une insertion professionnelle rapide. Les jeunes placés sont donc beaucoup plus fréquemment diplômés d'un CAP-BEP que les autres et moins souvent sans diplôme que les jeunes issus de familles inactives. À 20 ans, ils sont moins nombreux que les jeunes d'origine modeste à suivre des études dans la voie scolaire générale et plus nombreux à travailler que les autres jeunes de leur âge. En revanche, leurs emplois ne diffèrent pas de ceux des autres jeunes qui travaillent. Au total, si le placement restaure partiellement les chances de réussite scolaire et professionnelle, il n'augmente guère les probabilités d'accéder à l'enseignement supérieur et d'obtenir un diplôme favorable à une ascension sociale. Pour y remédier, il faudrait faire de la réussite scolaire un objectif explicite du placement, améliorer la coopération entre l'Éducation nationale et les services de la protection de l'enfance et mettre en place un suivi statistique pérenne des jeunes placés. [résumé ]