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Centre de documentation sur la formation et le travailPORTAIL DOCUMENTAIRE
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Le poids social de la différence : l'altérisation des migrants Roms sous l'angle de la dissuasion urbaine, de l'intervention sociale et du militantisme de solidarité.

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Thèse travail social
Auteur(s) : BELQASMI Mohamed
: Université Côte d'Azur ; : Université Côte d'Azur (Comue), 2021

Directeur : Streiff-Fénart, Jocelyne

Dans le paysage français, le terme « Rom » est devenu élément du vocabulaire politico-journalistique qui désigne une nouvelle figure de l'étranger : des migrants - individus et familles - venus généralement de Roumanie et de Bulgarie à la suite de l'élargissement récent de l'Union européenne à l'Est, vivant dans des conditions précaires, des squats ou des habitats auto-construits insalubres, affublés d'un certain nombre de traits qui les caractériseraient comme le nomadisme (instabilité), la mendicité (dépendance) et la criminalité (délinquance). Les Roms apparaissent ainsi comme des étrangers de fraîche date, des parvenus venant à la fois bousculer et confirmer les hiérarchies symboliques distribuant les groupes sociaux en fonction de leurs différences, réelles ou imputées. En étudiant la mise en altérité des migrants roms, cette recherche défend la perspective selon laquelle ce processus peut être analysé sous l'angle de la « dissuasion urbaine » des bidonvilles, mais également des mobilisations qui s'exercent à l'échelle locale, telles que l'action des systèmes d'intervention sociale et des militants de solidarité engagés dans la défense des migrants. Loin d'être la simple réactivation d'anciens stéréotypes appliqués aux Tsiganes en général imprégnant profondément l'imaginaire, l'enquête révèle un autre élément fondamental : dissociés de l'utilitarisme migratoire, les migrants Roms apparaissent comme des « indésirables ». Les politiques économiques néolibérales produisant une exclusion durable de pauvres nationaux, les gouvernements sont portés à désigner à la vindicte des « cibles de substitution » pour pallier l'insécurité sociale et le ressentiment qui touchent aujourd'hui le cœur des démocraties libérales. Ainsi cette thèse montre comment l'altérisation des migrants roms s'inscrit dans des systèmes de représentations et des pratiques inextricablement liés à un contexte socio-économique et à la politique de régulation sociale de la pauvreté migrante assignée « à la rue ». En effet, les nouvelles formes de migrations circulantes se déroulent dans un contexte altérophobe : si les Roms sont l'objet de la construction d'un Autre spécifique, c'est en tant qu'ils sont perçus et appréhendés comme étant d'abord des « cas sociaux » surnuméraires en même temps qu'ils sont essentialisés comme des « dépendants culturels ». C'est précisément la correspondance entre l'essentialisation de différences culturelles et la situation de dépendance socio-économique des migrants roms pauvres qui constitue la spécificité de la forme d'altérisation dont ils sont l'objet. Après avoir été reléguée au second plan à partir des années 1980 au profit de la critique du coût social de l'immigration, la « logique ethnique » fait donc son retour dans les années 2000 en désignant l'immigration arabo-africaine, tandis que la « logique du poids social » de la différence se déporte en partie sur les migrants Roms, comme nouvelle figure menaçante de l'altérité : les « Roms-Tsiganes » sont alors construits comme des fossoyeurs de la protection sociale nationale qui tend à être érigée en édifice civilisationnel.


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