Résumé : Ce rapport s'inscrit dans l'appel à projets de recherche « Suivi qualitatif des effets de la réforme de l'assurance-chômage » lancé par la DARES en 2022. Cet appel vise à comprendre comment les nouvelles mesures d'application du régime d'assurance-chômage de 2019 ont été perçues, vécues et comment elles ont éventuellement modifié les perceptions, pratiques et comportements des populations cibles de la réforme, à la fois les entreprises et les personnes potentiellement bénéficiaires de l'allocation chômage. Avant de présenter le dispositif méthodologique de l'étude, ainsi que ses terrains, nous allons d'abord justifier l'intérêt d'avoir mené la recherche dans le secteur de l'agroalimentaire. L'étude qui suit vise à analyser les effets de la réforme de l'assurance-chômage sur la gestion de la main-d'oeuvre et les parcours professionnels dans les industries agroalimentaires. Regroupant plus de 450 000 salarié.es1, l'agroalimentaire est le premier secteur industriel français en termes d'emploi. Il est constitué d'un tissu d'entreprises nombreuses et peu délocalisables. Il s'agit certes d'un secteur dynamique qui crée des emplois et recrute, y compris dans le contexte de crise de la Covid-19, mais près de la moitié des recrutements sont jugés difficiles par les employeurs et employeuses3. Ce secteur se caractérise par ailleurs par un important turnover du personnel d'exécution et un recours prononcé aux contrats temporaires (CDD, intérim) : c'est le secteur industriel dans lequel la durée des contrats intérimaires est la plus basse, avec, par exemple, une durée moyenne d'une semaine et demie par mission en janvier 20224. Le vieillissement des salarié.es ainsi que le caractère saisonnier de l'activité dans certaines branches sont d'autres traits qui affectent l'emploi dans le secteur5. Les difficultés de recrutement peuvent être mises en lien avec une pénibilité prononcée du travail, se traduisant par un taux important d'accidents et de maladies professionnelles pour les salarié.es de l'agroalimentaire... [premières lignes]