Spécialité : Travail social, actions sociale et société
Directeur : André Moisan
Annexes : bibliographie, annexes

Résumé : L'inscription des associations dans l'histoire de la démocratie constitue le fondement de la légitimité de leur intervention dans le domaine sociale, où elles revendiquent une identité propre liée aux valeurs et aux principes qu'elles défendent, leur autonomie et leur capacité d'innovation sociale. Mais les associations du secteur social font aujourd'hui face à un contexte hétérogène et sont entrées dans une logique économique porteuse d'un processus de rationalisation. Oeuvrant dan un secteur non solvable et/ou non marchand, elles sont tributaires de sources de financement multiples qui tendent aujourd'hui à appliquer les règles du nouveau management public et à renforcer l'efficacité de leurs financements. Comment les responsables salariés des petites et moyennes associations du secteur social réagissent-ils face à ce contexte en mutation ? Ce mémoire cherche à vérifier l'hypothèse que face à ces changements dans leurs repères culturels, éthiques et professionnels, ces professionnels vont en regard adapter leurs pratiques pour conserver une marge de man∏uvre décisionnelle et pour préserver l'autonomie de leur structure. S'appuyant sur une série d'entretiens, il examine les relations de ces responsables à leurs financeurs pour proposer un essai de classification des dilemmes auxquels ils peuvent être confrontés et des stratégies qu'ils mettent en ∏uvre pour y répondre. Ces dilemmes opposent le respect du projet associatif et celui de la commande publique qui présente plus ou moins de contraintes en fonction des modes de financements. Les stratégies offensives et défensives sont la réponse à ces dilemmes et impliquent à la fois le niveau de contraintes auquel ils sont soumis, les éléments d'identité professionnelle des responsables et d'identité culturelle de l'organisation. Les responsables dont les associations présentent le niveau de contraintes le plus élevé sont confrontés à davantage de dilemmes que les structures dont le niveau de contraintes est plus bas. Ils expriment également davantage de stratégies de nature défensive dans le cadre de leurs pratiques quotidiennes. Ces stratégies impliquent d'enjoliver et de "bidouiller" leur reporting. Ces stratégies peuvent être vues comme une adaptation au phénomène de rationalisation en jeu dans l'action sociale, un phénomène qui par ailleurs pourrait amener les responsables à abandonner dans leurs reporting l'analyse de la complexité du terrain. Ce processus ne va pas dans le sens d'une plus grande confiance et d'une collaboration entre les experts du "métier" et les techniciens de l'administration pour la construction d'outils de contrôle et d'évaluation qui auraient davantage de sens et de pertinence par rapport aux actions menées. De plus, malgré les stratégies qu'ils mettent en ∏uvre, les responsables interviewés restent entravés dans le plein exercice de leurs responsabilités. Enfin, ce processus semble nuire à la qualité des actions.
Indexation libre de l'auteur : associations, identité, rationalisation, indicateurs, éthique, commande publique, financement des associations, confiance, stratégie, dilemme, responsable d'association du secteur social.