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Résumé : Les troubles relevant de la santé mentale se classent au troisième rang des affections les plus récurrentes, après les cancers et les problèmes cardio-vasculaires : une personne sur quatre en moyenne y sera confrontée au cours de sa vie, la pandémie de covid 19 aggravant ce pronostic (OMS, 2001 ; 2021). Les éléments statistiques issus du dispositif d'enquête Risques psycho-sociaux (Dares, 2016), mettent en évidence une dimension fortement genrée de l'état de santé mentale. Les salariées déclarent sensiblement plus de problèmes en ce domaine que leurs collègues masculins : elles sont ainsi deux fois plus touchées par des épisodes dépressifs majeurs ou des troubles de l'anxiété (4,5 % des hommes versus 8,5 % des femmes dans les deux cas). Ce constat se retrouve également lorsque l'on interroge les salariés sur les troubles du sommeil : alors que 61,5 % des hommes déclarent n'avoir aucune difficulté à s'endormir, ce n'est le cas que de 47 % des femmes. L'effet du sexe demeure très significatif dans les analyses économétriques, y compris lorsque l'on intègre des variables de contrôle liées aux fonctions occupées ou au statut de l'employeur, par exemple. Les travaux sur genre et santé mentale mettent en évidence une tendance à l'invisibilisation des liens entre le sexe du travail et le sexe de la santé mentale au profit d'une lecture au prisme des rôles sociaux genrés. Et le poids des stéréotypes sur la « fragilité des femmes » (« le genre est porteur d'une logique selon laquelle les hommes sont reconnus comme des hommes par ce qu'ils font, tandis que les femmes sont reconnues comme des femmes pour ce qu'elles sont », Molinier, 2004) contribue aussi à l'effacement de la division genrée du travail, y compris du travail syndical. Dans le prolongement des travaux engagés sur l'axe « Genre, santé et conditions de travail » de l'Anact (Chappert, Théry, 2016), nous proposons ici, à partir d'une recherche-action réalisée dans la fonction publique territoriale, d'explorer à la fois les freins à la reconnaissance des liens entre activités genrées, rapports sociaux de genre et fragilisation de la santé mentale, et les conditions et modalités d'une intervention visant à développer la prévention (primaire, secondaire et tertiaire) des troubles de santé mentale, intégrant la question du genre et la levée de son invisibilisation. [résumé revue]