Annexes : bibliographie

Résumé : est courant d'interpréter le monde social et ses transformations à travers le prisme des générations en attribuant à celles-ci des valeurs, des dispositions et un univers de sens qui leur seraient propres, forgés sur l'expérience partagée d'un certain état du monde. Il en va ainsi de l'image d'une « jeunesse » qui serait mobile, flexible et hyperconnectée, s'incarnant dans la catégorie des « digital natives » et supposant de la part de ces « nouvelles générations » une aisance quasi naturelle vis-à-vis des outils numériques avec lesquels elles et ils seraient « né·es ». Or, nombre de travaux contredisent l'idée de générations uniformes, tout particulièrement en ce qui concerne « la jeunesse » (Mauger, 2001 ; Bargel, 2009), et attestent d'inégalités intragénérationnelles fortes (Peugny, Van de Velde, 2013). Pour autant, est-ce à dire que cette catégorie des digital natives est uniquement un artefact médiatique et gestionnaire réduisant les questionnements contemporains sur les rapports au numérique à une problématique générationnelle ? La diffusion massive d'outils et de contenus numériques, devenus de plus en plus incontournables pour trouver une formation ou un emploi, accéder à une information ou à des droits sociaux (chômage, aide au permis, bourse d'études, aide au logement, etc.), interagir avec son réseau amical, professionnel, sa conseillère en insertion ou son agence d'intérim, développer et valoriser ses compétences ou son profil, etc., n'aurait-elle pas d'effet sur les pratiques et représentations de celles et ceux notamment qui y ont été socialisé·es précocement ? S'il paraît dorénavant aller de soi que les nouvelles générations sont censées maîtriser a minima les outils de communication dématérialisés pour accéder à l'emploi comme à leurs droits et tisser des liens sociaux, a-t-on réellement saisi (empiriquement) et compris (théoriquement) ce que cela implique et recouvre en termes de coûts, de compétences, de pratiques et d'inégalités ?... [premières lignes]