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Centre de documentation sur la formation et le travailPORTAIL DOCUMENTAIRE
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La part sensible de l'acte : approche clinique de l'éducation sociale.

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Thèse ou HDR
Nature : Thèse
Spécialité : Formation des adultes
Directeur : Guy Jobert
Annexes : bibliographie, annexes
Format : Grand format

Résumé : Au cours des dix dernières années, la formation en travail social a subi de profondes mutations en raison des nouvelles références engendrées par le processus de Bologne. En Suisse, ces transformations répondent à une politique de valorisation de la formation professionnelle et d'adaptation des contenus de formation aux besoins des milieux économiques et d'ouverture à la mobilité internationale. Ainsi, la création des Hautes écoles spécialisées (Hes) a pour ambition de répondre aux besoins des pratiques professionnelles via des missions de haut niveau dans les domaines de l'enseignement, de la recherche et des prestations de service. Depuis la mise en place du bachelor dans les Hes, la multiplication des échelons de formation débouche sur une nouvelle hiérarchisation des professions dans le champ de l'intervention sociale et entraîne le risque d'un morcellement de l'agir professionnel. Notre projet de thèse s'inscrit de fait dans le cadre de ces transformations majeures en mettant l'accent primo sur les contenus de formation à dispenser dans une université des métiers dont la mission première est de répondre aux besoins du marché de l'emploi et secundo sur l'articulation entre connaissances et acquisition d'un savoir-faire tenu par les pratiques professionnelles, dans une perspective de formalisation des savoirs incorporés, de leurs modalités et de leurs limites ; ce qui constitue, de notre point de vue, la préoccupation majeure de la formation professionnelle de niveau universitaire. Sur un plan concret, notre questionnement porte sur l'agir d'éducateurs sociaux en prise avec des situations qui permettent de visibiliser la complexité des situations où se mêlent les aspects institutionnels, professionnels et personnels dans les actes engagés au quotidien. Après avoir porté notre attention sur la dialectique entre contrôle social et développement de la personne, nous avons cherché à saisir les incidences de tels positionnements dans l'accompagnement de jeunes placés en foyer. L'analyse du matériel empirique constitue la part centrale de la thèse, nous explorons trois situations professionnelles à partir de méthodes indirectes pour accéder au réel de l'activité et mettre ainsi en lisibilité la complexité de l'agir. Nous avons tout particulièrement cherché à tenir une cohérence entre l'épistémologie de la clinique de l'activité et la construction méthodologique de notre démarche - pour saisir les dimensions clés de l'agir à partir des situations dans lesquelles sont engagés les éducateurs, puis, les enrichir d'apports théoriques. Nous développons la problématique de l'intentionnalité dans l'action pour l'interroger au regard du cadrage épistémologique de l'analyse de l'activité qui insiste sur la dimension contextualisée et située de l'agir. L'activité est alors comprise comme une interaction entre une part de soi maîtrisable et les forces en jeu provenant de la résistance posée par le réel défini au sens de Clot (1999), qui intègre ce qui échappe à la volonté du sujet. Les notions d'incertitude et de risque propre à l'agir s'opposent aux attentes institutionnelles portées par des discours normatifs visant le contrôle social et l'évaluation de l'action.Sous l'angle de l'approche clinique des situations, nous avons repéré à travers le contenu des autoconfrontations et des controverses professionnelles combien les éducateurs peinent à entrer dans la part sensible de l'acte via des situations liées aux thématiques du corps et de l'émotionnel. Cela nous amène à identifier le caractère normé de toute pratique et à insister sur le fait que le relationnel n'est pas affublé de vertus spontanées. Au contraire, il demande à être pensé, questionné et exercé dans le cadre des objectifs institutionnels. A cet effet, d'une part la notion de présence en référence à la notion de présence-absence (Piette, 2009) et d'autre part l'acte d'oser laisser faire émergent dans un accord commun, celui de postures et gestes essentiels au métier. En suivant Vygotski, nous défendons l'idée que l'émotion participe de ce qui fait penser. L'émotion entendue comme véhicule de la connaissance qui engage une part indéterminée de soi dans l'interaction à autrui et au monde. Position qui pourfend les discours usuels portés sur l'éducation sociale par une approche normative du "recul professionnel". L'intervention sociale se situe à la jonction de la critique et de la clinique : projet central des HES. Un travail majeur quoique de plus en plus ignoré et dévalorisé par les instances politiques centrées sur les diagnostics sociaux et les évaluations de l'action. Or, nous pensons que c'est justement entre ces deux pôles que se déroule l'acte au sens de Mendel (1998), acte qui demande engagement et prise de risque. La pensée rationnelle occidentale n'obtient d'autorité que par les capacités de mesure, de maîtrise et de généralisation qu'elle exige. Les impératifs de performance poussent à un surdimensionnement du travail par objectifs et à la prévision par l'élaboration d'indicateurs du devenir de l'acte. Dans ce cadre, parler d'efficience est évalué à l'aune de la mise en œuvre et de la réalisation du projet en oubliant la force de ce qui se construit dans le processus éducatif au quotidien. "Bien moins étudiée demeure la forme de pensée spécifique au sujet engagé de manière interactive dans la pratique proprement dite de l'acte" (Mendel, 1998). En dernière partie, l'analyse de l'activité est revisitée dans le contexte de la formation professionnelle. Nous nous positionnons en affirmant que les savoir-faire issus des situations complexes demandent d'abord à être rendus lisibles et dicibles pour, dans un deuxième temps, s'enrichir d'apports théoriques. Partant, c'est faire entrer les situations de travail dans le temps de la formation. Portée par la didactique professionnelle, l'articulation entre situation de travail et situation de formation permet une approche progressive de la complexité de l'agir et d'identifier les savoir-faire nécessaires à la mise en œuvre du processus éducatif. Notre investigation nous amène à affirmer in fine que les dimensions sociales et relationnelles restent constitutives de l'identité du travail social. La complexité des situations montre que la prise en compte de la dynamique relationnelle est indispensable à la compréhension du processus éducatif. Entrer dans cette dimension requiert des savoirs de haut niveau. Une approche clinique des situations de travail permet de rendre visible la part sensible de l'acte éducatif, dimension essentielle qu'il s'agit d'intégrer dans la formation professionnelle assurée par l'université des métiers. [résumé auteur]


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