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Nature : Thèse Spécialité : Sociologie, démographie/Sociologie du travail Directeur : Christian Azaïs, Christophe Jalil Nordman Annexes : bibliographie, annexes Format : Grand format Résumé : Le Maroc se caractérise depuis quelques années par l'apparition d'associations, d'incubateurs et autres réseaux institutionnalisés qui promeuvent "l'esprit start-up". La circulation de ces registres discursifs occidentaux, volontiers associés à l'idée de modernité et de progrès, interroge quant aux relais qu'ils trouvent au sein du pays et aux réappropriations dont ils font l'objet. Loin de l'image éculée des quelques "success stories" de la côte ouest états-unienne, nous nous demandons ce qu'être "startupper" veut dire dans le Maroc des années 2010. Qui sont celles et ceux qui se lancent dans cette voie et quelles sont leurs logiques d'action ? Notre volonté de dénaturaliser l'entrepreneuriat et d'étudier la plasticité de sa forme dite start-up se double d'une ambition théorique, à savoir concevoir l'entrepreneur comme un acteur à la fois socialisé et encastré dans des structures relationnelles. Pour ce faire, la thèse se situe au croisement d'une sociologie "dispositionnaliste" et d'une sociologie de l'encastrement. La première partie appréhende les créations de start-up à partir d'un point de vue macrosocial et illustre en quoi les stratégies des "promoteurs" de la start-up sont orientées vers une tentative de révolution symbolique dans le champ marocain. En sélectionnant les profils de "startuppers" et en exerçant sur eux une action enveloppante, ces "promoteurs" participent à l'émergence d'un groupe susceptible de relayer l'idéologie dont la start-up est porteuse. La deuxième partie porte ensuite le regard à l'échelle microsociologique des trajectoires individuelles, sur les conditions de possibilité d'un engagement en "horizon incertain" que représente la création d'une start-up. Sont observées en particulier les dispositions au changement et à la prise de risque et les moments biographiques durant lesquels ces dispositions sont réactualisées. L'analyse sociogénétique du discours des "startuppers" suggère que l'aspiration à l'enrichissement économique est rarement une logique d'action centrale. Elle se retrouve davantage subordonnée à des logiques de distinction qui s'expriment par un désir de singularisation, souvent corollaire d'une trajectoire d'ascension sociale. La troisième partie montre enfin, au niveau méso-social, que ce projet trouve support dans une recherche d'autonomisation des startuppers vis-à-vis de certains de leurs réseaux et sphères d'appartenance, notamment de la famille. Ces liens forts sont particulièrement peu sollicités pour obtenir des ressources ce qui limite la possibilité de leur intrusion dans la start-up. L'espace d'autonomie créé à travers l'entreprise reste néanmoins conditionné par la rentabilité de cette dernière. Les startuppers se trouvent ainsi en tension entre désirs de se singulariser et de s'autonomiser de certains liens d'un côté et nécessité de construire une entreprise économiquement pérenne de l'autre. Le croisement des niveaux d'analyse de l'acte d'entreprendre et des temporalités qui le rendent possible nous amène à soutenir qu'il n'existe pas plus de «startupper» que d'»entrepreneur», mais des individus qui, à un moment donné de leur existence et dans un contexte donné, trouvent un intérêt à – et peuvent – s'en revendiquer. [résumé auteur]